Publié le 18/07/25
IA & Rédaction : alliées stratégiques, mais jamais rivales
Dans un monde où les contenus se multiplient à une vitesse vertigineuse et où les exigences des marques en matière de réactivité, de coût et de personnalisation ne cessent de croître, l’intelligence artificielle a trouvé une place de choix dans les agences de communication. Outil fascinant, parfois déroutant, elle suscite autant d’enthousiasme que de prudence. Devrais-je dire méfiance ?
En tant que Directrice Éditoriale il m’arrive souvent de m’appuyer sur l’IA. Pas par flemme, ni par manque de temps mais simplement parce qu’il est un outil exceptionnel comme le sont la tronçonneuse, la machine à laver ou le robot de cuisine. Mais si je taille le mauvais arbre, si j’oublie la lessive ou si j’achète des légumes douteux, alors où est le progrès ? Vous avez saisi l’idée : comme tout outil, il dépend de la main qui le tient.
L’IA dans les pôles éditoriaux : une révolution déjà bien entamée
Depuis l’avènement des modèles de langage comme ChatGPT, Perplexity ou Claude, les agences éditoriales expérimentent et intègrent de plus en plus l’IA dans leur production quotidienne. Selon une étude de McKinsey (2023), 79 % des entreprises ayant adopté l’IA générative déclarent déjà un impact tangible sur leurs fonctions marketing et communication.
Dans un pôle éditorial, cela se traduit concrètement par :
- Un gain de temps considérable sur les tâches répétitives : reformulations, synthèses, résumés, traductions.
- Une aide à la créativité via le brainstorming automatisé, la recherche de titres, ou encore la génération de drafts de posts LinkedIn ou d’articles de blog.
- Une capacité à produire du volume, notamment pour le SEO, où l’IA peut générer des centaines de fiches produit ou d’articles optimisés.
Pour les contenus B2B comme B2C, elle s’avère utile pour adapter le ton, réécrire un contenu en fonction d’un persona, ou décliner un message sur plusieurs canaux. Elle assiste également dans la veille sectorielle, en analysant rapidement une masse d’articles ou de données pour en extraire les grandes tendances.
Normalement à ce stade de l’article les mots efficacité et rentabilité clignotent dans votre esprit. Mais regardons de plus près…
Un outil puissant mais pas infaillible
Malgré ses atouts indéniables, l’IA éditoriale montre rapidement ses limites lorsqu’on l’emmène sur des terrains où l’intuition humaine, la finesse culturelle et l’intelligence émotionnelle sont essentielles.
Le storytelling, parent pauvre de l’IA
L’art de raconter une histoire, de susciter l’émotion, d’adopter une narration non linéaire ou d’utiliser des silences et des ruptures de rythme reste, pour l’heure, hors de portée de l’IA. Les contenus générés peuvent paraître fluides, mais ils manquent souvent de profondeur, de subtilité et d’intentions. Jamais l’IA ne serait d’elle-même comparée à un Thermomix pour vous offrir une allégorie.
D’ailleurs, avez-vous lu notre article sur le storytelling dans la communication interne ? C’est par ici !
L’humour et l’ironie : trop humains pour l’algorithme
Même les IA les plus avancées ont du mal à comprendre les nuances culturelles, les doubles sens, les réfs à la mode ou les sous-entendus qui font le sel d’un bon mot. Une punchline ratée, une blague hors contexte ou un faux ton peuvent nuire à l’image et à la crédibilité d’une marque (ou d’une agence !).
L’humeur et l’humanité : les grands absents
Un bon rédacteur sait adapter son ton à l’actualité, à l’état d’esprit du moment, à l’évolution d’un brief en temps réel. Il capte les signaux faibles, comprend les intentions non dites du client, ressent les urgences éditoriales.
Ce sont là des aspects purement humains, que l’IA, aussi performante soit-elle, ne perçoit pas. Car oui, chers clients, lorsque nous recevons vos briefs votre communication non verbale compte presque autant que les mots que vous utilisez.
La culture générale et sectorielle : une connaissance datée ou biaisée
Même si les IA sont entraînées sur des milliards de données, leur compréhension du contexte est limitée à leur base d’apprentissage. Elles peuvent halluciner des faits (un phénomène bien connu), reproduire des biais, ou ignorer les références culturelles locales. Dans un secteur où la crédibilité est clé, cela impose une vigilance constante.
💬 Storytime !
Laissez-moi vous raconter une anecdote. J’ai récemment demandé à ChatGPT de m’expliquer la différence entre continuer à et continuer de. Mais cet outil, du fait de sa conception, va s’appuyer sur les probabilités pour me donner la réponse la plus souvent rencontrée et donc, potentiellement, la plus juste.
Pour lui, la différence se situe dans le niveau de langage et les usages régionaux. Aïe ! En réalité, la différence est bien plus subtile, il faut tenir compte du point de départ de l’action et savoir si elle est habituelle ou pas. Bref, la bonne réponse ne situait pas dans la quantité mais dans la qualité de la source.
Comment bien utiliser l’IA dans une agence éditoriale ?
Nous avons donc établi ensemble que l’IA n’a pas toujours la bonne réponse. Le bon usage de l’IA passant par une méthodologie claire et une posture lucide, il s’agit donc désormais de savoir doser.
Voici quelques bonnes pratiques :
- Commencer par un brief structuré : l’IA ne comprend bien que ce qui est bien formulé. Plus le prompt est précis, mieux le contenu sera ciblé.
- L’utiliser comme outil d’itération rapide, pas comme rédacteur final : pour explorer des angles, tester des tons, générer des variantes.
- Assurer une relecture humaine systématique pour garantir la cohérence, le style, la véracité et la sensibilité du texte.
- Former les équipes à la rédaction de prompts efficaces : c’est une compétence à part entière, qui fait toute la différence. (Soit dit en passant, nous proposons justement cette formation dans notre catalogue.) (lien vers la LP de formation à intégrer ici)
- Respecter la ligne éditoriale de la marque : l’IA peut apprendre des exemples, mais seule l’équipe éditoriale maîtrise les subtilités du territoire d’expression de ses clients.
Des opportunités… pour les bons rédacteurs
Paradoxalement, l’IA ne met pas en danger les bons rédacteurs, elle les met en lumière. Car dans un monde où tout le monde peut générer un texte en quelques secondes, la valeur différenciante réside dans la capacité à :
- Avoir une vision éditoriale.
- Donner une direction stratégique au contenu.
- Adapter un discours aux tendances, aux émotions, aux enjeux business.
- Injecter du sens, de l’originalité, de la singularité.
L'IA ne remplace pas la créativité. Elle l'amplifie lorsqu'elle est bien pilotée. N’oublions pas que l’IA a pour rôle de donner la réponse la plus attendue alors que le créatif a pour talent de trouver l’idée la plus inattendue.
Le prompt est roi, mais le rédacteur est souverain
Si l’IA est un outil, alors le prompt est la clé qui l’active. Et qui rédige les prompts ? Le rédacteur pardi ! C’est là que réside le cœur du sujet : la qualité du contenu généré dépend toujours de la qualité de l’intention, de la clarté du brief, de la pertinence des choix éditoriaux ET de l’idée créative initiale.
Un mauvais prompt produit un mauvais contenu. Un bon prompt mal relu produit un contenu approximatif. Seul un regard humain peut donner au texte sa part d’émotion, de sens et d’impact.
En conclusion, l’IA est un outil exceptionnel… grâce à l’humain qui le pilote.
Intégrée intelligemment dans un pôle éditorial, l’IA peut devenir un formidable accélérateur de production, de réflexion et d’innovation. Mais elle n’est qu’un outil (aussi impressionnant soit-il) qui reste tributaire de celui qui s’en sert. La rédaction est un art, et comme tout art, elle nécessite de l’intuition, de la culture, de l’émotion et une capacité à ressentir l’air du temps. Aucun algorithme ne peut remplacer cela.
En somme, l’IA ne remplace pas le rédacteur créatif. Elle l’accompagne, le stimule, parfois le bouscule. Mais au final, c’est toujours l’humain qui décide de ce qu’il veut dire… et de comment il veut le dire.
Charline Dantigny
Directrice éditoriale chez Arneo
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Le pôle éditorial d’Arneo se forme régulièrement aux différentes intelligences artificielles et met tout son savoir-faire, son expérience et son ingéniosité au service de vos prompts. Rencontrons-nous et, ensemble, accompagnés de notre Head of Innovation, voyons comment l’IA pourrait soutenir vos objectifs.
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